Insuffisance rénale chronique et alimentation

Antonella Giordano, B.Sc, Dt.P. et Kathryn Adel, M.Sc, Dt.P, CSSD - Diététistes-nutrritionnistes chez SOSCuisine.com
2 Décembre 2022

L’insuffisance rénale chronique (IRC) est un syndrome caractérisé par des anomalies structurelles et fonctionnelles des reins, présentes durant plus de trois mois, avec des conséquences spécifiques sur la santé.1

Classification

L’IRC est classée en quatre stades en fonction de la valeur du débit de filtration glomérulaire (DFG). Parmi les autres paramètres qui la définissent, en cas de DFG dans la norme, on trouve l’albuminurie (présence d’albumine dans l’urine), des modifications de la morphologie rénale, l’hématurie ou la leucocyturie (présence de globules rouges ou de globules blancs dans l’urine, respectivement) ou des troubles électrolytiques persistants. L’IRC est très répandue (10-13% de la population), irréversible et progressive, et associée à un risque cardiovasculaire élevé.2

Étiologie

Les principales causes de l’IRC sont le diabète, l’hypertension artérielle, les maladies aiguës et inflammatoires du rein et les maladies auto-immunes. Les personnes restent souvent asymptomatiques jusqu’à ce que les complications atteignent un stade avancé.

L’objectif du traitement médical et diététique est conservateur et vise à éviter la dialyse ou une éventuelle transplantation rénale.

Traitement diététique

Le traitement diététique du patient atteint d’IRC dans la phase conservatrice a trois objectifs principaux :

  1. Ralentir la progression de l’IRC ;
  2. Prévenir et contrôler les changements métaboliques de l’IRC (y compris, par exemple, l’anémie, les maladies osseuses et les maladies cardiovasculaires) ;
  3. Atteindre et maintenir un état nutritionnel satisfaisant.2

Diverses approches diététiques ont été analysées, mais celles considérées comme les plus efficaces sont le régime méditerranéen et le régime végétarien. Le premier est recommandé pour améliorer le profil lipidique, tandis que le second s’est révélé efficace pour contrôler la pression artérielle et maîtriser l’acidose métabolique – une condition caractérisée par un excès d’acides par rapport aux bases, dans ce cas précis en raison d’une fonction rénale réduite. Un régime riche en aliments d’origine animale peut augmenter l’acidose métabolique –3 et d’autres complications métaboliques.4

Selon les stades de l’IRC, il est recommandé de suivre un régime faible en protéines.5 Le régime hypo-protéique joue un rôle central, tant dans son effet protecteur sur les reins que dans son effet sur les complications de l’IRC. L’European Dialysis Transplantation Nurse Association / Renal Care Association (EDTNA/ERCA) suggère un apport quotidien compris entre 0,6 et 1,0 g/kg de poids corporel ‘idéal’6. Le National Kidney Foundation et l’Academy of Nutrition and Dietetics recommandent aux patients atteints d’IRC de stade 3 à 5 non diabétiques et qui ne sont pas sous dialyse, un apport protéique quotidien de 0,55 à 0,6 g/kg de poids corporel et, pour ceux qui sont diabétiques, un apport  protéique quotidien de 0,6 à 0,8 g/kg de poids corporel.3

Pour les patients très motivés, il est aussi possible d’essayer un supplément de céto-analogues combiné à une alimentation végétalienne très faible en protéines (apport quotidien de 0,28 à 0,43 g/kg de poids corporel)3. Les céto-analogues sont des acides aminés essentiels sans azote. Une alimentation pauvre en acides aminés essentiels peut entraîner une cachexie et une charge azotée négative. L’ajout de céto-analogues peut aider à éviter les carences et améliorer l’équilibre azoté. Des recherches récentes ont reconnu plusieurs avantages potentiels du régime à très faible teneur en protéines, combiné à une supplémentation de céto-analogues, notamment le ralentissement de la progression de l’IRC, la diminution de la présence de toxines urémiques, la réduction des anomalies électrolytiques et le retardement du besoin de commencer une thérapie de remplacement rénal3. Chez les patients choisissant cette avenue, une surveillance clinique serrée est recommandée.

Quand on suit un régime dans la phase conservatrice de l’IRC, outre l’apport en protéines, il est important de porter attention à certains électrolytes, notamment le sodium, le phosphore et le potassium, dont l’élimination est altérée par la réduction de la fonction rénale, et dont l’accumulation entraîne diverses complications, dont l’hyperparathyroïdie, qui se caractérise par un excès d’hormone parathyroïdienne, parathormone ou PTH, dans le sang. La PTH est produite par les parathyroïdes, quatre glandes situées à l’arrière de la thyroïde, et joue un rôle essentiel dans le maintien d’un taux normal de calcium circulant – ou d’une pression artérielle élevée ou de changements du rythme cardiaque.

Une alimentation faible en sodium est primordiale pour réduire la tension artérielle et la protéinurie, et aider à préserver la fonction rénale. Un apport quotidien maximal de 2 300 mg de sodium est recommandé3. Pour ce faire, le sel de table doit être remplacé par des substituts à base d’épices, et les aliments transformés doivent être grandement limités.

Il peut être recommandé d’ajuster l’apport alimentaire en phosphore et/ou en potassium pour maintenir les niveaux sériques normaux. Lors de la prise de décision concernant la restriction du phosphore, il est raisonnable de tenir compte de la biodisponibilité des sources de phosphore. Ainsi, il est surtout recommandé de limiter les sources animales de phosphore et provenant d’additifs alimentaires plutôt que les sources végétales3. Le potassium se retrouve dans de nombreux fruits et légumes. Si le taux sanguin de potassium est trop élevé, il est recommandé  de choisir ses fruits et légumes parmi ceux qui sont plus faibles en potassium.

En conclusion

Étant donné la variabilité des états de la fonction rénale résiduelle et la complexité des différentes thérapies diététiques, il est fortement recommandé de consulter une diététiste-nutritionniste spécialisée afin de maintenir une alimentation variée et équilibrée. D’autre part, les menus de SOSCuisine.com, basés sur la diète méditerranéenne, disponibles en version végétarienne, végétalienne et faible en sodium, et personnalisables selon les allergies, intolérances et préférences de chacun, sont une façon simple et efficace pour suivre au quotidien une alimentation variée et équilibrée.


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Références

1. Charles et coll (2020) Chronic Kidney Disease. Prim Care;47(4):585-59.
2. Ammirati, Chronic Kidney Disease. Rev Assoc Med Bras (1992). 2020.
3. Ikizler et coll. (2020) KDOQI Clinical Practice Guidelines for Nutrition in CKD: 2020 Update. AJKD; 73(3): S1-107.
4. Gluba-Brzózka, Franczyk et Rysz (2017) Vegetarian Diet in Chronic Kidney Disease—A Friend or Foe. Nutrients; 9 (374).
5. Binetti, Marcelli et Baisi, Manuale di nutrizione clinica e scienze dietetiche applicate. Società Editrice Universo 2016.
6. European Dialysis and Transplant Nurses Association / European Renal Care Association (EDTNA/ERCA) https://www.edtnaerca.org.

 

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