DES MOTS ET DES REMÈDES

Le Comité québécois d’étude du français médical (CQEFM) est né en 2000 d’un désir de réactiver un comité semblable qu’avait animé dans les années 1970 le Dr Jacques Boulay, dont le nom est lié au Prix de l’ambassadeur du français en médecine décerné par Médecins francophones du Canada. Présidé par le Dr Serge Quérin, il réunit médecins, traductrices et terminologues, et se penche sur diverses difficultés que peuvent présenter certains termes médicaux, tout particulièrement au Canada.

Composition du comité:

  • Alice Arseneault, conseillère linguistique, Office québécois de la langue française
  • Suzie Côté, traductrice
  • Bernard Fruteau-de-Laclos, médecin
  • Valeriya Lezhankina, conseillère linguistique, Office québécois de la langue française
  • Martine Moresco, traductrice
  • Vincent Nadon, médecin
  • Michelle Pilon, traductrice
  • Serge Quérin, médecin (président)
  • Louis Thivierge, conseiller linguistique, Office québécois de la langue française

La « douleur référée » n’est pas une référence!

Si fréquente soit l’expression « douleur référée » dans la bouche des professionnels de la santé au Québec, elle n’a pas sa raison d’être. Vous aurez sans doute deviné qu’il y a anglicisme sous roche!

En anglais, le syntagme referred pain est défini dans les termes généraux suivants : pain felt at a site other than where the cause is situated.

Plusieurs mécanismes peuvent être en cause, bien sûr, mais on devrait parler en français de douleur irradiée ou de douleur projetée. On pourra dire de la douleur qu’elle est irradiée si elle est ressentie autour de son lieu d’origine (diffusée de façon radiaire, c’est-à-dire en rayon), ou encore qu’elle est projetée si elle est ressentie carrément à distance de son siège. La douleur associée à un infarctus du myocarde que la personne ressent non seulement dans la poitrine, mais aussi dans un bras ou la mâchoire est un bon exemple de douleur irradiée. Une douleur de la hanche ressentie dans le genou pourrait être qualifiée de projetée.

On emploie souvent douleur irradiée et douleur projetée de manière interchangeable, mais y aurait-il lieu de les différencier? Sans doute, mais le plus urgent, c’est de faire en sorte que l’un ou l’autre équivalent proposé supplante une fois pour toutes la sempiternelle « douleur référée ».

Disease mongering

La presse anglophone et de nombreux sites Internet parlent de plus en plus de « disease mongering ». Qu’est-ce que cette réalité, et comment doit-on traduire en français?

C’est le fait que certains acteurs du monde médical, notamment des entreprises pharmaceutiques, traitent des états physiologiques normaux (par exemple la ménopause) comme des maladies, amplifient la gravité de troubles mineurs comme la calvitie et multiplient les campagnes d’information, voire de promotion, ce qui donne lieu à toutes sortes de nouveaux produits sources de profits : traitements, épreuves de laboratoire, examens.

On peut, en français, désigner le phénomène dans son ensemble par « mercantilisme médical », avoir recours à « médicalisation mercantile (de la ménopause, de la calvitie) » lorsque l’on évoque un état ou un trouble, et nommer les acteurs en question, « marchands de maladies » (disease mongers).

Chirurgie bariatrique

Baryum et baryté s’écrivent avec un y, tout comme baryton. Ces trois mots viennent du grec barus, qui signifie « lourd », le u grec étant transposé par un y en français. En anglais médical, la graphie barium est courante. C’est ainsi, sans y, que le mot a été créé par Davy en 1808. Pour qualifier la chirurgie de l’obésité, on rencontre beaucoup plus souvent bariatrique que baryatrique, bien que ce dernier terme soit recommandé par le Comité d’étude des termes médicaux français. Se pose la question du choix entre le y et le i. De l’avis du Comité québécois d’étude du français médical, la graphie bariatrique se justifie si l’on considère que le mot est formé du préfixe bar- et de la terminaison -iatrique, dérivée du grec iatros, « médecin » : on a ainsi un adjectif désignant « ce qui se rapporte à la médecine de l’obèse », de même facture que pédiatrique ou psychiatrique.

« Active ingredient » : une question de principe

L’Organisation mondiale de la Santé définit ainsi le syntagme active pharmaceutical ingredient : « Any substance or combination of substances used in a finished pharmaceutical product (FPP), intended to furnish pharmacological activity or to otherwise have direct effect in the diagnosis, cure, mitigation, treatment or prevention of disease, or to have direct effect in restoring, correcting or modifying physiological functions in human beings1».

Quant à inactive ingredient et à ses synonymes inert ingredient et excipient, on peut lire la définition suivante : « Inactive ingredients are components of a drug product that do not increase or affect the therapeutic action of the active ingredient, which is usually the active drug. Inactive ingredients may also be referred to as inert ingredients or excipients, and generally have no pharmacological effect. Agents that combine with active ingredients to facilitate
drug transport in the body are also considered inactive2».

Du côté du français, Le Larousse médical donne à principe actif le sens de « composant d’un médicament doué d’un pouvoir thérapeutique. Le principe actif d’une spécialité pharmaceutique s’oppose à l’excipient, substance inactive qui confère au médicament les propriétés permettant son administration (consistance, forme) et sa conservation. Exploité commercialement, un même principe actif peut avoir plusieurs formes médicamenteuses et plusieurs noms commerciaux3. »

Poursuivant la recherche, nous trouvons la définition suivante d’excipient dans Le Larousse médical : « Substance associée au principe actif d’un médicament et dont la fonction est de faciliter l’administration, la conservation et le transport de ce principe actif jusqu’à son site d’absorption4. ».

Force est donc de constater que la traduction consacrée d’active ingredient est bien principe actif et celle d’inactive ingredient, excipient. On ne compte plus les occurrences de ces termes dans les ouvrages de pharmacologie, de médecine et d’autres domaines connexes en français, et ils sont largement enseignés dans les facultés scientifiques universitaires. Dans ce cas, pourquoi les termes ingrédient actif et ingrédient inactif sont-ils systématiquement utilisés, entre autres, dans la documentation destinée aux patients et sur les étiquettes des spécialités pharmaceutiques? Nous présumons que cela s’explique par le souci des entreprises pharmaceutiques d’être comprises du public. Tout simplement.

Références :
1. WORLD HEALTH ORGANIZATION. Definition of Active Pharmaceutical Ingredient. (Consulté le 14 avril 2015).
2. DRUGS.COM. Inactive Ingredients. (Consulté le 14 avril 2015).
3. Le Larousse médical, [Paris], Larousse, 2009, 1113 p.
4. Le Larousse médical, [Paris], Larousse, 2009, 1113 p.

Malade, patient, client, usager ou bénéficiaire : sont-ils interchangeables ?

La réponse est non, car tout dépend du contexte. Le terme malade désigne une personne dont l’état de santé est altéré. Mais qui rencontre son médecin n’est pas nécessairement malade! Ainsi, patient réfère à toute personne qui consulte un médecin. Remarquons que les médecins et les infirmières parleront volontiers de leurs patients, les premiers pour souligner qu’ils en ont la responsabilité, et les secondes pour exprimer le fait qu’elles les soignent. Les pharmaciens et certains autres professionnels de la santé utiliseront plutôt le mot client, pour parler des personnes qui les rémunèrent pour les produits vendus ou pour leurs services.

Usager, quant à lui,désigne « toute personne qui a recours à un service public ou qui l’utilise » (Grand dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française [OQLF]). Au Québec, le terme a été adopté par les CLSC (Centres locaux de services communautaires), ce qui peut être justifié par le fait que les services offerts n’y sont pas seulement médicaux (on peut par exemple avoir accès à un travailleur social).

Bien que l’OQLF considère son emploi « abusif [pour désigner] la personne qui reçoit des services de santé » (Grand dictionnaire terminologique), le terme bénéficiaire est passé dans l’usage dans les CHSLD (Centres d’hébergement et de soins de longue durée). Cela se justifie dans la mesure où, contrairement à l’hôpital, spécialisé dans les soins dits « aigus », ces établissements assurent des soins de base prolongés qui imposent une prise en charge par la société. Étrangement, dans le contexte hospitalier traditionnel où c’est plutôt patient qui prévaut, les personnes travaillant au bien-être des malades sont nommées préposés aux bénéficiaires. En France, on utilise le terme aide-soignant, qui permet d’éviter cette ambiguïté.

Qu’en est-il des termes collectifs? Pour désigner l’ensemble des patients d’un médecin, certains utilisent clientèle, malgré la réticence de la plupart des médecins à appeler leurs patients des clients. Un terme intéressant a fait son apparition en France, patientèle, qui est un dérivé cohérent de patient et évite de connoter l’idée que le médecin est nécessairement rémunéré par la personne qui le consulte. Toutefois, le Grand dictionnaire terminologique mentionne que ce terme n’est pas courant. On retrouve parfois pratique d’un médecin au Québec et en Belgique (notamment dans céder sa pratique, cession de pratique), bien que Le Petit Robert juge le terme archaïque.

Ainsi, selon le point de vue adopté et le contexte, une même réalité peut être nommée de différentes façons : cette forme de quasi-synonymie terminologique, assez fréquente, se nomme multidimensionnalité.

Anamnèse (patient history)

Le dossier médical (medical record) que les Français appellent observation, comprend plusieurs rubriques dont les appellations anglaises comprennent le mot history.

Past history et family history, p. ex., correspondent aux antécédents personnels et familiaux.

Par contre, patient history englobe tous les renseignements recueillis par le médecin en interrogeant le patient ou son entourage (history taking). Patient history ne comprend donc pas les données de l’examen clinique. Le terme français correspondant est anamnèse.

Anamnèse possède cependant d’autres sens en français médical. Le dictionnaire Garnier-Delamare lui accorde celui plus restreint d’histoire de la maladie actuelle, période allant du début de la maladie jusqu’au moment où le patient se trouve soumis à l’examen du médecin (history of present illness). Anamnèse désigne aussi l’action même de recueillir les données qui est dénommée en France interrogatoire. Ce terme n’est guère en faveur au Québec, probablement à cause de sa connotation policière. On lui préfère malheureusement questionnaire, laissant ainsi croire que le médecin se contente de réciter au patient une liste de questions prédéterminées, ce qui est loin de refléter la réalité.

Revue des systèmes (review of systems)

Une étape de l’anamnèse consiste à rechercher systématiquement la présence de symptômes touchant d’autres systèmes ou appareils que celui qui est touché par la maladie actuelle. Dénommée en anglais review of systems, cette étape est connue au Canada sous le nom de revue des systèmes(1). Curieusement, cette section est rarement individualisée dans les ouvrages français de sémiologie quoique les auteurs soulignent l’importance dans l’anamnèse d’explorer systématiquement organe par organe la présence de troubles fonctionnels lors d’un « passage en revue » ou « tour d’horizon » des systèmes et appareils. Le terme très pratique de revue des systèmes peut être considéré comme un raccourci de « passage en revue des systèmes et appareils » et nous apparaît acceptable.

(1) : Citoyenneté et Immigration Canada, manuel du médecin désigné, www.cic.gc.ca/francais/pub/mdmanuel/section-6.html
Bibliographie :
De Gowin & De Gowin’s, Diagnostic examination (6th edition)
Bates’ Physical examination and history taking (7th edition)
L. S. Bickley, R. A. Hoekelman
L’examen clinique (4e edition) Éditions Arnette, Paris
B.Bates, L. S. Bickley, R. A. Hoekelman (Traduits par Paul Babinet et Jean-Marc Retbi)
Guide pratique. Sémiologie et observation médicale (Marie-Christine Renaud) Éditions ESTEM & MED-LINE,
Paris 1996
Examen clinique, Éléments de sémiologie médicale
Epstein, Perkin, de Bono, Cookson. Traduction de la 2e édition anglaise par Bernard Devulder (CHU Lille)
Sémiologie médicale 7e édition 1990. M. Bariéty, R. Bonniot, J. Bariéty, J. Moline (Hôtel-Dieu de Paris) Masson

Antipsychotiques ou neuroleptiques?

Il fut un temps où le terme antipsychotique passait pour un anglicisme, auquel il fallait préférer neuroleptique pour désigner les médicaments utilisés pour traiter la psychose. Le premier était absent de la plupart des dictionnaires médicaux français, alors que le second avait été proposé à l’Académie nationale de médecine de France en 1955 pour souligner l’action neurologique caractéristique, avant tout sédative, de ce qui était à l’époque une nouvelle classe de médicaments.
Les choses ont changé. De nombreux agents, dits antipsychotiques atypiques, aux effets plus « incisifs », ont été mis au point pour traiter les processus psychotiques, de sorte que de nos jours les neuroleptiques ne sont plus qu’une catégorie à l’intérieur d’une classe hétérogène de médicaments, pour laquelle l’appellation générique d’antipsychotiques est entrée dans l’usage. Ces médicaments partagent au moins une propriété pharmacologique, celle de bloquer l’action de la dopamine sur le récepteur dopaminergique D2. Il faut alors distinguer antipsychotiques de première génération (parfois dits antipsychotiques typiques), encore appelés neuroleptiques, et antipsychotiques de deuxième génération (dits antipsychotiques atypiques). Ces derniers, notamment la clozapine, se caractérisent par une fréquence moindre d’effets indésirables extrapyramidaux, comparativement aux premiers.
Certains considèrent l’aripiprazole comme le premier agent d’une troisième génération d’antipsychotiques, laquelle a un effet agoniste partiel sur certains récepteurs.

En conclusion, le terme antipsychotique ne peut plus être considéré comme un anglicisme lorsqu’il désigne l’ensemble des médicaments employés pour traiter les manifestations de la psychose.

Références
Pharmaterm, Bulletin terminologique de l’industrie pharmaceutique, vol. 3, no 4, 1992.
Thomas, P. Données actuelles sur les antipsychotiques. Rev Prat 65 : 248-250, 2015.

Naviguons dans le partage

Naviguer et partager… voilà deux mots français bien en vogue, mais les francophones naviguent souvent en eaux troubles quand ils les utilisent! La médecine n’échappe pas à la tendance.

Le verbe naviguer ne peut pas avoir de complément d’objet direct ou indirect, et il est généralement suivi d’une préposition. Les médecins francophones peuvent assurément naviguer à contre-courant, naviguer dans l’inconnu, naviguer par calme plat, naviguer contre vents et marées ou naviguer dans la tempête, mais ils ne peuvent pas « naviguer les urgences médicales ». C’est manifestement sous l’influence de la syntaxe anglaise (navigating medical emergencies) que cette erreur se glisse souvent dans les textes français. L’ajout de la préposition dans serait un minimum : naviguer dans les urgences médicales, mais il serait aussi possible d’étoffer l’énoncé et d’écrire naviguer entre les écueils des urgences médicales ou encore, naviguer dans les méandres des urgences médicales.

Passons maintenant au partage. Contrairement au mot anglais share, partager n’a pas le sens de raconter, communiquer ou transmettre. De plus, partager ne peut pas être suivi de à quelqu’un en français. On pourra donc partager un dossier médical en plusieurs sections, partager son temps entre l’exercice de la médecine et la vie familiale, partager son bureau avec une consœur ou encore, partager l’opinion ou l’optimisme des experts, mais un médecin ne peut pas « partager son expérience ou ses connaissances à ses pairs », pas plus qu’une revue médicale ne peut « partager une découverte à ses lecteurs » : il faudrait plutôt dire transmettre son expérience ou ses connaissances à ses pairs ou partager son expérience ou ses connaissances avec ses pairs et communiquer une découverte à ses lecteurs ou partager une découverte avec ses lecteurs, respectivement. Ayons enfin le sens du partage!

Congé ou sortie ?

Au Québec, en général, le patient reçoit son congé de l’hôpital, alors qu’en France, il sort de l’hôpital ou reçoit son autorisation de sortie. Si l’on présente la chose du point de vue du médecin, on dira au Québec que le médecin donne congé au patient alors qu’en France, on dira qu’il signe la sortie du patient, qu’il signe l’autorisation de sortie du patient ou encore, qu’il autorise le patient à sortir. Si elle peut paraître surprenante pour le commun des mortels, l’expression congédier le patient est très répandue en milieu hospitalier au Québec. En France, le terme sortant est également utilisé comme substantif ou adjectif pour désigner le patient qui sort de l’hôpital, mais le substantif (les sortants, par exemple) est moins formel et relève davantage de la langue parlée. Au Québec, l’expression mettre le patient en congé ne peut toutefois pas être utilisée dans ce sens, car elle veut plutôt dire que le médecin signe un arrêt de
travail pour son patient. Selon Le Grand Robert1, cette acception de congé serait un archaïsme (définition : autorisation, permission de partir), mais il reste que congé est un québécisme de bon aloi dans la langue médicale.

1Le Grand Robert de la langue française, nouvelle édition augmentée, 2001.

Evidence-based medecine

Le concept de evidence-based medecine est apparu au début des années 1980. Des médecins et des épidémiologistes – de l’Université McMaster pour la plupart – ont en effet proposé « le développement d’un enseignement de la médecine fondé sur une prise en compte de faits (preuves) issus d’une interprétation objective des données de la science et donc des publications médicales dont il devient essentiel d’en apprécier (sic) la validité de la méthodologie avant de s’intéresser à leurs résultats ».

Plusieurs équivalents ont été proposés pour rendre cette notion en français : médecine factuelle, médecine basée sur des preuves, médecine fondée sur des preuves, médecine fondée sur des faits démontrés. Au Québec, l’expression médecine factuelle est bien établie. Comme elle présente l’avantage d’être courte, elle ne vient pas alourdir inutilement les textes. En outre, cette expression est construite dans le respect des règles de formation des syntagmes en français, puisqu’elle est composée d’un déterminant (factuelle) et d’un déterminé (médecine). Ce syntagme est également motivé, c’est-à-dire qu’il « laisse transparaître la notion qu’il recouvre par le sens de ses composants ». Le terme factuel se définit comme suit : « Qui est de l’ordre du fait. >attesté, observable, réel. Données factuelles. Preuve factuelle ». Dans le contexte qui nous occupe, il s’agit des faits issus de la recherche médicale et relevés dans différentes sources.

Depuis son apparition, la notion de médecine factuelle s’est entourée d’un vocabulaire qui lui est propre et qui s’inspire essentiellement de celui de l’épidémiologie et de la biostatistique. L’étude de ces termes déborde toutefois des limites du présent article.

Compliance

En français, la compliance désigne le rapport entre le volume d’un réservoir élastique et la pression du fluide qu’il contient : compliance pulmonaire, compliance ventriculaire. Bien que le dictionnaire de Manuila1 admette l’emploi du mot compliance dans le sens d’observance, c.-à-d. le respect de la prescription médicale par le malade, la plupart des auteurs considèrent qu’il s’agit là d’un anglicisme. On peut employer le mot fidélité et son adjectif fidèle (au traitement), ou encore persévérance (persévérant), respect voire observation de la prescription dans certains cas. Observance (tout comme son contraire inobservance ou non-observance) demeure acceptable et largement employé dans la francophonie, mais certains reprochent à ce terme sa connotation religieuse. Adhérence, adhésion, assiduité et docilité renvoient à des notions différentes.
1 Manuila L, Manuila A, Lewalle P, Nicoulin M. (2001) Dictionnaire médical. 9e édition, Masson, Paris, 736 p.

Informed consent

Si un malade à qui l’on propose de participer à une étude peut et doit être informé, son consentement, lui, ne peut être qu’éclairé. Informé ne se dit que d’une personne ou d’un groupe de personnes : bien informé de la situation, le patient a donné un consentement éclairé.

Odds ratio

Ce terme se rapporte, tout comme relative risk (risque relatif), à des mesures de dépendance entre des variables aléatoires qualitatives. Toutefois, les deux notions sont distinctes. Ainsi, si l’on veut évaluer l’association existant entre le fait de décéder en unité de soins intensifs et le fait d’être infecté au moment de l’admission, le risque relatif «estimera le rapport de la probabilité de mourir quand on est infecté sur la probabilité de mourir quand on ne l’est pas»1 (RR = % de décès chez les infectés/% de décès chez les non-infectés). Le terme qui nous intéresse, odds ratio, réfère, lui, au rapport [morts chez les infectés/vivants chez les infectés] / [morts chez les non-infectés/vivants chez les non-infectés]. Bien que la notion semble complexe, son succès provient du fait « qu’il est calculable à la fois dans une étude où les patients constituent un échantillon représentatif d’une population générale (enquête de « cohorte »), et dans une étude où l’on fixe le quota de malades par rapport aux non-malades (enquête « cas-témoins ») »1. Il est donc impropre, en français, d’utiliser le terme risque relatif pour traduire odds ratio. Certains auteurs traduisent odds ratio par rapport des rapports1, ou encore par rapport des cotes1,2. L’usage de l’indéfini de (rapport de cotes) paraît moins heureux, car le mot cotes réfère à des valeurs explicitement calculées. Enfin, les termes ratio d’incidence approché et risque relatif approché ont aussi été proposés3. Bien qu’ils soient peu usités, ces termes ont le mérite d’être plus explicites que rapport des cotes. En dernière analyse, le comité estime que le terme risque relatif approché est, de toutes les traductions qui ont été proposées jusqu’à présent pour odds ratio, celle qui évoque le mieux la parenté qui existe entre la quantité désignée et un risque relatif. Son emploi est donc recommandé.
1 Falissard, B. (1996) Comprendre et utiliser les statistiques dans les sciences de la vie. Masson, Paris, p. 24.
2 Bernard, P.-M. et Lapointe, C. (1995) Mesures statistiques en épidémiologie. Presses de l’Université du Québec, Sainte-Foy, p. 89.
3 Jammal, A., Loslier, G., Allard, R. (1988) Dictionnaire d’épidémiologie. Edisem/Maloine, St-Hyacinthe/Paris, p. 124-125

« Condition » : conditionnez-vous à l’employer à bon escient!

En médecine, le terme anglais condition a un sens plus large que son cousin français condition. Commençons par ce qu’ils ont en commun : dans les deux langues, ils peuvent décrire l’état physique ou la manière d’être d’une personne. Il est donc tout à fait acceptable de dire d’une personne qu’elle est en bonne condition physique. Par contre, condition n’a pas en français le sens de maladie, de mauvais état, de situation fâcheuse ou de terrain miné, comme en anglais. « Condition cardiaque » et « grave condition », pour ne citer que ces deux exemples, sont des anglicismes à éviter.  À partir de maintenant, conditionnez-vous à les bannir de votre langage!

Randomisation et randomisé... peut-on se hasarder à les employer?

Si certains voient encore ces termes comme des anglicismes à éviter, rassurez-vous : ils sont bel et bien passés dans l’usage. Il est donc correct de dire d’un essai qu’il est randomisé ou encore, que la randomisation fait partie du protocole d’une étude. Si vous êtes du type puriste et préférez éviter l’hypallage essai randomisé, il va de soi que vous pouvez aussi opter pour la version longue essai à répartition aléatoire. Mais, attention, n’allez surtout pas dire d’un essai qu’il est aléatoire ni qu’il est réparti aléatoirement, car ce sont les sujets qui sont répartis au hasard ou de façon aléatoire. Bref, vous pouvez dorénavant vous hasarder à employer randomisation et randomisé sans vous sentir coupable!