Un devoir de mémoire – Journée nationale de commémoration pour la COVID-19

L'honorable Marie-Françoise Mégie
Sénatrice indépendante du Québec au Sénat du Canada

7 février 2025

Cinq ans après que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ait déclaré la COVID-19 comme étant une pandémie, nombreux sont ceux qui semblent déjà vouloir la reléguer au passé. Les restrictions telles que les masques, la quarantaine, la vaccination, et d’autres mesures ont suscité le mécontentement de certains, tandis que les rituels de deuils interrompus continuent d’affecter les familles endeuillées. Les restrictions avaient été à peine levées que la pandémie avait déjà presque disparu de nos préoccupations immédiates. Toutefois, ses conséquences profondes sur notre société, en particulier sur notre système de santé et notre bien-être collectif, continueront de se faire sentir pendant des années, voire des décennies.

C’est dans cette optique que j’ai déposé le projet de loi instituant le Jour commémoratif de la pandémie qui a reçu la sanction royale le 30 avril 2024. Désormais, le 11 mars de chaque année sera désigné comme la Journée nationale de commémoration pour la COVID-19. Ce choix fait écho à la date à laquelle l’OMS a déclaré l’état de pandémie. Lors des auditions devant le Comité sénatorial des Affaires sociales, sciences et technologies, les témoins ont unanimement souligné la pertinence de cette journée et ont exprimé comment ils comptaient la commémorer.

Trois objectifs fondamentaux ont été définis : se souvenir, s’en sortir, et se préparer.

Le premier devoir est de se souvenir. Chaque 11 mars, nous devons honorer ceux qui ont perdu la vie prématurément, souvent dans des circonstances particulièrement difficiles, sans avoir pu faire leurs adieux. Au Canada, plus de [1]59 034 personnes sont décédées de la COVID-19, un nombre supérieur à celui des [2]Canadiens morts durant la Seconde Guerre mondiale. Nous devons également rendre hommage aux sacrifices considérables consentis par nos travailleurs de première ligne et par les travailleurs essentiels. Il est crucial de se rappeler aussi de la solidarité déployée par la population pour venir en aide à ceux dans le besoin.

Il est également nécessaire de soutenir les familles endeuillées et de garder à l’esprit que cette pandémie a exacerbé les inégalités sociales au Canada, affectant de manière disproportionnée les populations vulnérables et les groupes historiquement marginalisés. La fleur Myosotis (Forget-me-not) a été choisie comme emblème de ce jour commémoratif.

Le deuxième devoir est de s’en sortir. Chaque 11 mars, nous devons réfléchir à l’évolution de la pandémie, aux mesures adoptées pour la contenir et aux enseignements tirés. Au Canada, l’accès aux tests, aux vaccins, ainsi qu’aux traitements préventifs pour les personnes immunodéprimées a été largement assuré. Le télétravail reste encore une mesure permettant de limiter la transmission du virus. Nos organismes de santé publique demeurent indépendants et dignes de confiance, et la majorité des Canadiens sont bien informés. Bien que nous ayons fait de grands progrès, des défis demeurent, notamment dans les pays moins développés où les décès liés à la COVID-19 sont quatre fois plus nombreux qu’au sein des pays plus riches, comme le rapporte Oxfam.

Enfin, le troisième devoir est de se préparer. Nous devons mettre en place des mesures basées sur les leçons apprises, afin de mieux faire face à de futures urgences sanitaires. Cela nécessitera une volonté politique soutenue. Chaque 11 mars, il nous incombera d’évaluer notre niveau de préparation face à de tels événements.

Toute crise offre des opportunités de changement. À titre d’exemple, la pandémie de 1918, la Grippe espagnole, a causé la mort de [3]50 millions de personnes à travers le monde, ce qui a incité le gouvernement canadien à adopter des réformes significatives pour améliorer la santé publique. Cependant, de nouveaux défis surgissent avec la COVID longue, dont les effets sont encore mal compris. Ces conséquences s’ajoutent aux impacts déjà ressentis sur le système de santé, l’immigration, l’environnement et notre situation socio-économique.

Bien que certains estiment que la pandémie appartient déjà au passé, il reste encore beaucoup à accomplir pour en sortir véritablement. Par conséquent, le 11 mars doit devenant une journée de commémoration nationale de la pandémie. Ce jour deviendra l’occasion annuelle de rendre hommage aux victimes, de souligner les efforts pour surmonter cette épreuve, et de réfléchir à notre préparation future.

Comme l’écrivait Paul Éluard dans les Derniers poèmes d’amour, dans chaque période sombre sommeille l’espoir d’un avenir à nouveau radieux.

[1]https://www.worldometers.info/coronavirus/country/canada/#google_vignette

[2] https://www.veterans.gc.ca/fr/remembrance/wars-and-conflicts/second-world-war

[3]https://www.medecinesciences.org › full_html › 2006/08