Un déficit calorique chez les athlètes et sportifs peut-il être néfaste?

Kathryn Adel, M.Sc, Dt.P, CSSD
Nutritionniste chez SOSCuisine.com

9 juillet 2020

Un apport calorique insuffisant peut avoir des conséquences graves sur la santé des sportifs et athlètes (autant hommes que femmes) incluant des carences en micronutriments tels que le fer et le calcium, une augmentation du risque de blessures et d’infections, une diminution de la densité minérale osseuse et donc une augmentation du risque de fractures de stress, et une diminution des performances sportives. Voici plus de détails sur le sujet:

La FHA (Functional Hypothalamic Amenorrhoea), qui résulte d’un déficit énergétique persistant trop important, est une condition commune chez les sportifs et athlètes mais qui est souvent ignorée et considérée comme un résultat normal d’un entraînement intensif, alors qu’elle peut avoir des conséquences graves sur la santé. La triade de l’athlète se définit par un apport énergétique insuffisant, une diminution de la densité minérale osseuse et l’absence des menstruations pendant 3 mois ou plus. Par contre, ce ne sont pas seulement les athlètes féminines qui sont affectées. En effet, un apport calorique insuffisant peut augmenter le risque de fractures et affecter les hormones sexuelles (diminution du niveau de testostérone) chez les athlètes masculins aussi. Le Relative Energy Deficiency in Sports (RED-S) est une terminologie plus récente qui englobe la triade de l’athlète féminine de même que la reconnaissance de ce problème chez les athlètes masculins. Les conséquences du RED-S sont multiples et incluent des carences en micronutriments tels que le fer et le calcium, une augmentation du risque de blessures et d’infections, une altération de la santé osseuse, une diminution du métabolisme de base, des troubles gastro-intestinaux, des troubles cardiaques et une diminution des performances sportives 1,2.

Une étude effectuée auprès de 59 athlètes d’élite (dont 16 ont participé aux Jeux Olympiques de Rio) a révélé que les athlètes qui souffrent de RED-S ont un risque 4.5 fois plus élevé de développer une fracture de stress 3. Même un déficit calorique de seulement 300 calories par jour peut avoir un impact important sur la santé à long terme. Ainsi, chez les sportifs qui ont un volume d’entraînement élevé et qui désirent perdre du poids, il est important de viser une perte de poids lente avec un faible déficit calorique par jour, et ceci seulement sur une courte période de temps. Idéalement, on évite de viser une perte de poids et de créer un déficit énergétique pendant les phases de compétition et d’entraînement intensif. Il est à noter que même si une personne a un poids stable, il est tout de même possible qu’elle ne mange pas assez et que son risque de blessures, d’infections et de carences nutritionnelles soit augmenté. En effet, à force d’être en déficit énergétique, le corps s’adapte et diminue son métabolisme de repos, faisant en sorte qu’on dépense moins de calories au repos. À long terme, cela peut affecter négativement le contrôle du poids corporel.

Le RED-S peut être détecté chez les femmes via l’arrêt des menstruations. Chez les hommes, un faible taux de testostérone est un bon indicateur; il peut être détecté via une prise de sang et se traduire par une diminution du désir sexuel. Un taux de testostérone normal chez les hommes se situe entre 10 and 30 nmol/L. Il existe aussi des questionnaires pour aider les professionnels de la santé à détecter le RED-S, soient le LEAF Questionnaire 4 et le RED-S Clinical Assessment Tool (CAT)5.

Un déficit calorique est souvent pratiqué volontairement chez les sportifs dans le but de perdre du poids. Par contre, un apport calorique insuffisant peut aussi être causé par un trouble alimentaire. Il est à noter que la prévalence des troubles alimentaires est plus élevée chez les sportifs que les non sportifs et qu’elle est à la hausse depuis les deux dernières décennies. Finalement, il est courant que les sportifs et athlètes qui ont une dépense énergétique très élevée ne consomment pas suffisamment de calories de façon involontaire, parce qu’ils n’ont tout simplement pas faim et ne sont pas conscients pas que leurs besoins énergétiques sont plus élevés. Dans ce cas, il peut s’avérer difficile pour eux d’augmenter leur apport calorique. Voici quelques conseils :

  • Ajouter des collations entre les repas qui sont composées de glucides et de protéines tels qu’un fruit avec des noix, des galettes de riz avec du beurre de noix, des craquelins avec du fromage, ou du yogourt avec des fruits.
  • Ajouter un smoothie à son alimentation quotidienne qui contient des protéines (poudre de protéine, yogourt, tofu ou lait de vache ou de soya) et des fruits.
  • Ajouter des bons gras à son alimentation tels que des graines de lin, chia ou chanvre, des noix, de l’huile d’olive ou un avocat. Des graines, du beurre de noix ou de l’avocat peuvent aussi être ajoutés dans un smoothie pour aider à augmenter les calories.

Une nutritionniste du sport peut aider les athlètes et sportifs à déterminer leurs besoins caloriques et à adapter leur alimentation en fonction de ceux-ci pour les aider à prévenir les problèmes de santé et à optimiser leurs performances sportives. Le menu sport de SOSCuisine est offert de pair avec un calculateur de portions qui permet d’ajuster son apport calorique selon son âge, sexe, poids, taille et niveau d’activité physique.


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Références

  1. Burke et Deakin (2015) Clinical Sports Nutrition, 5th Edition, McGraw-Hill Education, 828 pages.
  2. Mountjoy et coll. (2018) International Olympic Committee (IOC) Consensus Statement on Relative Energy Deficiency in Sport (RED-S): 2018 Update. Int J Sport Nutr Exerc Metab 28(4):316-331.