Le trouble du comportement alimentaire restrictif ou évitant (TCARÉ), connu en anglais sous le nom de Avoidant Restrictive Food Intake Disorder (ARFID), est un trouble alimentaire récemment reconnu dans la 5e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Il s’agit d’un trouble alimentaire, tout comme l’anorexie ou la boulimie. Cependant, il se distingue de ces derniers par le fait que les gens souffrant du TCARÉ n’ont pas de dysmorphie corporelle ou peur de prendre du poids.
Il existe trois présentations de ce trouble alimentaire:
- Le manque d’intérêt envers la nourriture : les personnes oublient souvent de manger, n’ont pas de plaisir à manger, et sont également vite rassasiées.
- L’évitement sensoriel : les personnes ont des hypersensibilités avec les goûts, les textures, l’apparence, la température et les odeurs des aliments.
- La peur des conséquences aversives : les personnes ont peur de manger certains aliments, souvent parce qu’elles ont eu une expérience négative avec ces derniers dans le passé, par exemple un étouffement, une réaction allergique ou des symptômes digestifs.
Chacune de ces présentations s’entretient par elle-même :
- Manger peu entraîne une diminution de l’appétit
- Lorsqu’on a une variété alimentaire limitée, on peut se fatiguer de manger toujours les mêmes aliments, faisant en sorte qu’on veut manger encore moins.
- Lorsqu’on a peur de manger, plus on évite de manger, plus cela devient effrayant, puisqu’on n’est plus exposé à des expériences positives avec les aliments.
Le TCARÉ est défini dans le DSM-5 comme l’échec persistant à respecter des besoins nutritionnels ou énergétiques suffisants, lié à au moins l’un des éléments suivants :
- Perte de poids ou croissance inadéquate
- Carences nutritionnelles importantes
- Dépendance envers l’alimentation entérale ou les suppléments nutritionnels (ex. shakes de protéines) pour assurer un apport suffisant
- Perturbation du fonctionnement psychosocial, telle que l’incapacité de manger avec d’autres
Manger très peu peut faire en sorte qu’on se sente rassasié rapidement, même si on ne consomme pas suffisamment de nutriments. Cela peut également faire en sorte qu’on se sente trop rempli lorsqu’on consomme une quantité adéquate d’aliments, car la capacité de l’estomac diminue avec une restriction alimentaire chronique. Finalement, être trop longtemps sans manger ou ne pas avoir d’horaire régulier de repas et de collations peut atténuer les signaux de faim et nous faire croire qu’on n’a pas faim.
À long terme, un apport alimentaire insuffisant peut entraîner des conséquences graves sur la santé, incluant une diminution de la fréquence cardiaque, une perte de poids et de masse musculaire, des carences alimentaires, l’ostéoporose, l’absence de menstruations, l’anxiété, l’irritabilité, la dépression, des troubles de concentration et l’isolation sociale.
TCARÉ et syndrome de l’intestin irritable (SII)
Il arrive assez fréquemment que les personnes souffrant du SII aient peur de manger puisque cela leur cause des symptômes digestifs. Dans des cas plus sévères, l’alimentation devient trop restreinte, ce qui peut causer une perte de poids importante et des carences alimentaires. On estime que la prévalence du TCARÉ chez les personnes atteintes du SII ou d’autres maladies gastro-intestinales est d’environ 12 à 21 %. Dans ce cas, il n’est pas approprié de suivre une diète restrictive comme la diète faible en FODMAP. Cependant, il existe une approche FODMAP simplifiée qui peut être plus appropriée.
Lorsque l’apport énergétique est insuffisant, le corps s’adapte en ralentissant la digestion, ce qui peut entraîner une gastroparésie et des symptômes digestifs comme de la constipation et une distension abdominale. Il s’agit donc d’un cercle vicieux.
Traitements pour le TCARÉ
Le principal traitement pour le TCARÉ est la thérapie cognitivo-comportementale (CBT). Il s’agit d’un traitement psychologique qui utilise le lien entre les pensées, les sentiments et les sensations physiques pour aborder les comportements inadaptés d’une manière moins accablante. Il existe un type spécifique de CBT pour le TCARÉ (CBT-ARFID) qui est largement utilisé par les nutritionnistes et les thérapeutes.
La thérapie d’exposition est aussi beaucoup utilisée. Il s’agit d’exposer la personne à la peur qu’elle perçoit, dans ce cas, la nourriture qui provoque l’anxiété.
En conclusion
En conclusion, le TCARÉ est un trouble alimentaire encore méconnu et sous diagnostiqué. Il peut entraîner des problèmes de santé sérieux. Heureusement, avec l’aide de thérapeutes et de nutritionnistes spécialisés en troubles alimentaires, il est possible de le traiter et d’améliorer sa relation avec la nourriture.
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Références
1. Thomas and Eddy (2019) Cognitive-Behavioral Therapy for Avoidant/Restrictive Food Intake Disorder: Children, Adolescents and Adults. Cambridge: Cambridge University Press.
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