Allergie au nickel et régime alimentaire: un lien possible ?

Antonella Giordano, B.Sc, Dt.P.
Nutritionniste chez SOSCuisine.com

13 août 2022

Le nickel est un métal présent dans l’eau, le sol, l’air et la biosphère. Il est utilisé avec d’autres métaux pour former des alliages et est largement employé dans la production d’acier inoxydable. Le nickel est l’un des principaux éléments responsables des dermatites de contact allergiques [1].

Selon les données publiées par le Système européen de surveillance des allergies de contact (ESSCA) en 2004, il est confirmé que la prévalence de la positivité des tests épicutanés dans la population générale en Europe est d’environ 20 % ; notamment, l’Italie serait le premier pays d’Europe pour la prévalence des personnes souffrant d’allergies au nickel (32,1 %) tandis que le Danemark serait le dernier avec une prévalence de 9,7 % [2].

Manifestations cliniques

L’allergie au nickel se manifeste par différentes modalités: cutanées, localisées ou systémiques, et extra-cutanées. On peut distinguer :

  • la dermatite de contact allergique (DCA),
  • le syndrome d’allergie systémique au nickel (SNAS) avec des manifestations soit cutanées (appelées dermatite de contact systémique ou DSC) soit extra cutanées (gastro-intestinales, respiratoires, neurologiques, etc.)

La forme clinique classique engendrée par l’allergie au nickel est la dermatite de contact allergique (DCA). Le nickel est responsable de 35 % des DCA liées ou non à l’activité professionnelle. La dermatite causée par le contact avec le nickel est généralement facile à reconnaître ; elle se présente sous la forme d’un eczéma zonal confiné aux sites cutanés en contact direct avec des objets libérant du nickel, tels que les lobes d’oreilles (boucles d’oreilles), les poignets (montres), le cou (colliers), la région ombilicale (boutons de jeans).

Il existe également une autre forme, le syndrome d’allergie systémique au nickel (SNAS). Dans les années 1970, des chercheurs [3] ont constaté qu’un nombre considérable de patients allergiques au nickel présentaient des dermatites sur des sites autres que ceux qui avaient été en contact avec des objets plaqués de ce métal. Les sites les plus fréquents de ces éruptions étaient les plis des coudes, le cou et l’intérieur des cuisses, les paumes des mains, les bords latéraux des doigts et les plantes des pieds ; des eczémas des paupières et des eczémas kératosiques des coudes ont également été fréquemment décrits. En raison de la symétrie des lésions, on a soupçonné une absorption systémique de nickel, qui peut se produire par le biais de l’alimentation, par exemple [4]. Les manifestations peuvent également inclure maux de tête, aphtes et symptômes gastro-intestinaux, qui peuvent facilement se superposer et être confondus avec ceux du syndrome de l’intestin irritable.

Diagnostic

Le diagnostic de la DCA (dermatite de contact allergique) est basé sur le Patch Test (un test épicutané) pour le Nickel, qui consiste à appliquer sur la peau (généralement sur le dos) une préparation contenant du Nickel pendant une période de 48 heures; après un délai supplémentaire de 24-48 heures, on procède à une évaluation qui permet de confirmer la réaction par l’apparition, dans la zone d’application, d’une zone érythémato-vésiculaire plus ou moins prononcée selon la sensibilité du sujet.

Par contre, pour étudier le syndrome systémique du nickel, il est nécessaire (après avoir vérifié la sensibilisation par le Patch Test) d’effectuer un régime d’exclusion pendant une période de 2 à 3 semaines et d’évaluer la réponse clinique, qui doit démontrer une amélioration significative.

La procédure de diagnostic comporte certains défis, car les informations sur la teneur en nickel des aliments sont extrêmement hétérogènes. La concentration de nickel dans le sol, l’air et l’eau est, en fait, extrêmement variable et difficile à déterminer. C’est pourquoi le consensus sur la présence de nickel n’est presque unanime que pour les légumineuses (en particulier les arachides, les haricots, les pois), les crustacés, les noix et les aliments en conserve [1]. Il est toutefois important de souligner que de nombreux aliments d’origine végétale sont responsables des symptômes décrits [5].

Le tableau ci-dessous présente les principaux aliments contenant du nickel qui sont éliminés dans les régimes d’élimination et consommés avec modération par les personnes qui s’avèrent y être sensibles

Tableau des principales sources alimentaires de Nickel

Catégorie Aliments
Céréales Grains entiers, en particulier blé, avoine, sarrasin et maïs
Légumineuses Haricots, lentilles, pois, soja et produits à base de soja
Légumes Asperges, brocoli, chou-fleur, choux de Bruxelles, épinards, tomates, légumes en conserve
Fruits Poires, bananes, fruits en conserve
Viandes et poissons Crustacés, poissons et viande en conserve
Chocolat, cacao et thé noir Surtout le chocolat noir
Noix et graines Toutes les variétés
Conserves Tous les aliments en boîte de conserve en métal
Ustensiles de cuisson Ustensiles en acier inoxydable utilisés pour la cuisson des aliments acides
Eau du robinet Premier litre d’eau qui sort du robinet le matin

Source: Melisa.org

Traitement

Le traitement consiste à éviter tout contact avec les produits contenant du nickel et à apprendre aux patients à utiliser des produits alternatifs. Dans le cas du SNAS, le régime d’élimination à suivre sous la supervision d’un spécialiste s’avère de plus en plus efficace. Le régime d’élimination implique une élimination quasi totale des aliments figurant dans le tableau pendant environ 2 à 3 semaines et une réintroduction progressive et occasionnelle des différents aliments afin de ne pas surcharger l’organisme.

L’American Academy Dermatology Association [6] recommande d’éviter autant que possible le contact prolongé avec des objets contenant du nickel afin d’éviter une hypersensibilisation qui pourrait se transformer en allergie :

  1. Choisir les bijoux avec soin.
  2. Contrôler les vêtements (tant les teintures que les matériaux métalliques présents).
  3. Couvrir les appareils électroniques en métal.
  4. Remplacer les objets ménagers contenant du nickel par des objets fabriqués à partir d’autres matériaux.
  5. En cas de grande sensibilité, éviter les aliments contenant de fortes quantités de nickel.
  6. Attention également à l’eau du robinet et aux cigarettes !

En conclusion

En raison de la variabilité de la teneur en nickel des différents aliments et de la complexité de la manifestation symptomatique, il est fortement recommandé de consulter une nutritionniste spécialisée pour effectuer la diète d’élimination et favoriser une alimentation équilibrée. D’autre part, les menus de SOSCuisine.com, basés sur la diète méditerranéenne et personnalisables selon les allergies, intolérances et préférences de chacun, sont une façon simple et efficace pour suivre au quotidien une alimentation variée et équilibrée ne comportant pas les aliments problématiques soupçonnés ou avérés.


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Références

1. Tramontana M, Bianchi L, Hansel K, Agostinelli D, Stingeni L. Nickel Allergy: Epidemiology, Pathomechanism, Clinical Patterns, Treatment and Prevention Programs Endocr Metab Immune Disord Drug Target 2020; 20(7): 992-1002.
2. The ESSCA Writing Group. The European Surveillance System of Contact Allergies (ESSCA): results of patch testing the standard series, 2004. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2008 ;22: 174–181.
3. Falagiani P, Di Gioacchino M, Ricciardi L, Minciullo PM, Saitta S, Carni A, Santoro G, Gangemi S, Minelli M, Bozzetti MP, Massari S, Mauro S, Schiavino D. Systemic nickel allergy syndrome (SNAS). A review. Rev Port Imunoalergologia 2008; 16 (2): 135‐147.
4. Christensen OB, Moller H. External and internal exposure to the antigen in the hand eczema of nickel allergy. Contact Dermatitis.1975; 1: 136‐41.
5. Zirwas M, Molenda M. Dietary Nickel as a cause of Systemic Contact Dermatitis. J Clin Aesthet Dermatol. 2009 Jun 2(6): 39-43.
6. Site web de la American Academy of Dermatology Association https://www.aad.org/public/diseases/eczema/insider/nickel-allergy.
7. Site web de Melisa https://melisa.org/nickel/.
8. Szajewska, Horvath et Piwowarczyk (2010). Meta-analysis: the effects of Saccharomyces boulardii supplementation on Helicobacter pylori eradication rates and side effects during treatment. Aliment Pharmacol Ther; 32:1069–79.