Aliments ultra-transformés, additifs alimentaires et risques pour la santé

Kathryn Adel, M.Sc, Dt.P, CSSD Nutritionniste chez SOSCuisine.com, spécialisée en nutrition sportive et gastro-intestinale
1 mars 2024

La disponibilité et la consommation d’aliments ultra-transformés a augmenté dans le monde. Elle représente 50 à 60 % de l’apport énergétique total quotidien dans certains pays à revenu élevé, et les pays à revenu intermédiaire et faible suivent le pas. Les aliments frais ou peu transformés sont de plus en plus remplacés par des aliments ultra-transformés, ce qui soulève des inquiétudes quant à leurs effets à long terme sur la santé.

Qu’est-ce qu’un aliment transformé?

La classification Nova est une méthode reconnue qui classe les aliments en quatre groupes selon leur degré de transformation1 :

1) Les aliments non transformés ou peu transformés

Il s’agit de produits bruts ou minimalement transformés par des procédés simples, comme le retrait des parties non comestibles, le séchage, le broyage, la congélation, la pasteurisation ou l’emballage sous vide. Ils ne contiennent aucune substance ajoutée. Des exemples incluent les fruits et légumes frais, séchés ou surgelés, les grains (ex. riz, quinoa, les pâtes alimentaires, etc.), les farines, les viandes, volailles et poissons, les œufs et le lait de vache.

2)  Les ingrédients culinaires transformés

Il s’agit de produits dérivés de la nature par des procédés simples comme le pressage, le raffinage ou la meunerie. Ils sont utilisés pour préparer, assaisonner et cuire des plats « faits maison ». Des exemples incluent le sucre de table, l’huile et le sel.

3)  Les aliments transformés

Il s’agit de produits fabriqués avec des ingrédients simples et des techniques de transformation comme l’ajout de sel, de sucre ou de matière grasse afin de prolonger la durée de vie et les caractéristiques organoleptiques de ces aliments frais. Ils contiennent peu d’additifs alimentaires. Des exemples incluent les aliments en conserve (légumes, fruits, légumineuses, poisson, etc.), les viandes et poissons fumés, le tofu, les pains de boulangerie, les fromages et les beurres de noix.

4)  Les aliments ultra-transformés

Ils sont définis comme des produits fabriqués industriellement comprenant des composantes alimentaires déconstruites et modifiées, recombinés avec une variété d’additifs. On les reconnaît par la présence de substances alimentaires rarement utilisées en cuisine (ex. sirop de maïs à haute teneur en fructose, huiles hydrogénées, protéines hydrolysées) ou la présence d’additifs alimentaires ajoutés pour rendre le produit final plus agréable au goût ou plus attrayant (tels que les arômes, les exhausteurs de goût, les colorants, les émulsifiants, les édulcorants, les épaississants et les agents antimousses, gonflants, moussants, gélifiants ou enrobants). Il faut aussi se méfier des emballages et des publicités trompeuses. Les aliments ultra-transformés peuvent tout de même contenir des mentions bénéfiques sur leur emballage telles que  “naturel”, “sans sucre”, “sans OGM” ou “biologique”.

Des exemples d’aliments ultra-transformés incluent les viandes transformées (saucisses, charcuteries, fausses viandes, etc.), les boissons sucrées avec du sucre ou des substituts de sucre, les condiments, les produits laitiers sucrés, la plupart des boissons végétales et yogourts véganes, les repas surgelés (pizzas, croquettes de poulet, etc.), les friandises sucrées ou salées (croustilles, biscuits, bonbons, gâteaux,  etc.) et les autres aliments pré-emballés qui se conservent longtemps sur les tablettes (ex. soupes instantanées ou en conserve, pains industriels, barres tendres, céréales à déjeuner, etc.).

Aliments ultra-transformés et risques pour la santé

Une étude récente de grande envergure s’est intéressée au lien entre la consommation d’aliments ultra-transformés et leur risque pour la santé2. Il s’agit d’une étude de cohorte prospective incluant 266 666 participants sans cancer, maladies cardiovasculaires ou diabète de type 2 au moment du recrutement dans sept pays européens. Les aliments et boissons consommés au cours des douze mois précédents ont été évalués au départ par des questionnaires de fréquence alimentaire et classés en fonction de leur degré de transformation à l’aide de la classification Nova.

Après un suivi médian de 11,2 ans, 4 461 participants ont développé un cancer ou une maladie cardiométabolique (maladie cardiovasculaire ou diabète de type 2). Une consommation plus élevée d’aliments ultra transformés (>260 g/jour) était associée à un risque plus élevé de cancers et maladies cardiométaboliques. Lorsque les aliments ultra-transformés ont été classés en sous-groupes, les produits et sauces d’origine animale, de même que les boissons sucrées naturellement ou artificiellement, étaient significativement associées à un risque pour la santé. Cependant, les céréales et pains transformés, les friandises sucrées et salées, les substituts d’origine végétale et les aliments prêts à manger n’étaient pas significativement associés à un risque pour la santé.

Additifs alimentaires et risques pour la santé

De nombreux additifs se retrouvent dans les aliments ultra-transformés, mais qu’en est-il de leurs effets sur la santé?

Au Canada, les additifs alimentaires sont encadrés par le Règlement sur les aliments et les drogues. Aux Etats-Unis, les additifs alimentaires sont approuvés par la Food and Drug Administration lorsqu’ils sont reconnus comme étant “généralement sécuritaires”. En Europe, ils sont régis par l’Union Européenne.  Il faut savoir qu’un grand nombre d’additifs alimentaires que l’on retrouve dans les aliments existent seulement depuis quelques années et donc que leurs effets sur la santé à long terme demeurent méconnus.

Alors que certains additifs alimentaires sont inoffensifs et jouent des rôles importants, par exemple pour conserver les aliments, d’autres soulèvent des inquiétudes ou sont controversés quant à leurs effets potentiels néfastes sur la santé. En voici quelques exemples.

Les colorants

Certains colorants, tels que le dioxyde de titane et le rouge citrin no 2, sont classés comme possiblement cancérogènes pour l’humain par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC)3,4. De plus, certains colorants approuvés au Canada sont interdits en Europe.

Les émulsifiants

Les émulsifiants sont des additifs alimentaires qui permettent la dispersion uniforme des particules lorsque les liquides mélangés ont des densités différentes. Certaines études suggèrent que les émulsifiants comme la carboxyméthylcellulose et le polysorbate 80 pourraient modifier le microbiote intestinal et favoriser le développement de certaines maladies inflammatoires de l’intestin comme la maladie de Crohn5.

Les substituts de sucre

Les édulcorants sont des substituts de sucre qui procurent un goût sucré mais avec très peu ou pas de calories grâce à leur pouvoir sucrant élevé. Des études suggèrent que certains édulcorants (notamment l’aspartame, l’acésulfame-K et la saccharine) pourraient augmenter le risque de cancer et de maladies cardiométaboliques ou altérer la composition du microbiote intestinal6,7,8. Pour en savoir plus sur le sujet, lisez cet article.

Les nitrates et les nitrites

Au Canada, les nitrates et les nitrites  sont utilisés comme agents de conservation, entre autres dans les charcuteries. Ils ont été classés comme étant possiblement cancérogènes pour l’humain par le CIRC en 20103,4.

En conclusion

En conclusion, une consommation excessive d’aliments ultra-transformés présente des risques pour la santé. Il est donc préférable de tenter de les limiter et de cuisiner davantage à partir d’aliments frais ou peu transformés. C’est une bonne habitude de porter attention à la liste des ingrédients plutôt que de se fier aux allégations sur les emballages qui peuvent parfois être trompeuses.

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Références
1. Monteiro et al (2019). Ultra-processed foods: what they are and how to identify them. Public Health Nutr; 22(5):936-941.
2. Cordova et al (2023) Consumption of ultra-processed foods and risk of multimorbidity of cancer and cardiometabolic diseases: a multinational cohort study. The Lancet Regional Health;35: 100771.
3. International Agency for Research on Cancer (2024) IARC monographs on the identification of carcinogenic hazards to humans.  https://monographs.iarc.who.int
4. Huot (2023) Les additifs alimentaires, doit-on s’inquiéter?  https://www.isabellehuot.com/blogs/articles/additifs-alimentaires-nocifs
5. Liu et al (2022). Food Additives Associated with Gut Microbiota Alterations in Inflammatory Bowel Disease: Friends or Enemies? Nutrients;14:3049.
6. Debras et al. (2022) Artificial sweeteners and cancer risk: Results from the NutriNet-Sante ́ population-based cohort study. PLoS Med 19(3): e1003950.
7. Manavalan, Shubrook et Young (2021) Consumption of Non-nutritive Sweeteners and Risk for Type 2 Diabetes: What Do We Know, and Not? Current Diabetes reports; 21:53.
8.Ruiz-Ojeda et al. (2019) Effects of Sweeteners on the Gut Microbiota: A Review of Experimental Studies and Clinical Trials. Adv Nutr;10:S31–S48.

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