L’endométriose, maladie chronique touchant 10 % des femmes, engendre fréquemment des symptômes digestifs similaires à ceux du syndrome de l’intestin irritable. Une étude récente montre qu’un régime faible en FODMAP améliore de façon significative ces symptômes chez 60 % des patientes, contre 26 % avec une alimentation standard. Cette approche nutritionnelle apparaît prometteuse pour la prise en charge des troubles digestifs liés à l’endométriose, mais des recherches complémentaires sont nécessaires.
Qu’est-ce que l’endométriose?
L’endométriose est une maladie chronique et inflammatoire complexe qui affecte environ 10% des femmes1. Elle est caractérisée par la croissance de tissus ressemblant à l’endomètre (muqueuse qui tapisse l’intérieur de la cavité utérine) à l’extérieur de l’utérus2. Malgré sa prévalence élevée, cette maladie demeure encore méconnue.
Les symptômes associés à l’endométriose peuvent être très douloureux et affecter grandement la qualité de vie des femmes atteintes2. Ils varient d’une femme à l’autre mais ne sont pas dépendants du stade de l’endométriose. Bien que les symptômes caractéristiques incluent la dysménorrhée (menstruation difficile et douloureuse), les douleurs pelviennes et la dyspareunie (douleur lors du rapport sexuel), les symptômes gastro-intestinaux, tels que les douleurs abdominales, les ballonnements, la diarrhée et la dyschésie (difficulté à évacuer les selles), sont extrêmement fréquents, touchant plus de 75 % des femmes atteintes3.
Endométriose et symptômes digestifs
Les patientes atteintes d’endométriose sont trois fois plus susceptibles d’être diagnostiquées avec un syndrome de l’intestin irritable (SII) que la population générale4. Malgré la forte prévalence de symptômes gastro-intestinaux signalés chez les femmes atteintes d’endométriose et leur impact considérable sur la qualité de vie, peu de traitements ciblent spécifiquement les symptômes digestifs, et certains médicaments, comme la progestérone, les opiacés, les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les antidépresseurs tricycliques, peuvent les aggraver5. Malheureusement, si la douleur et les symptômes menstruels peuvent répondre à ces traitements, les symptômes gastro-intestinaux restent souvent réfractaires2.
Endométriose et approche nutritionnelle
Les données probantes soutenant une approche nutritionnelle pour l’endométriose demeurent limitées1. Pour en savoir plus sur les stratégies alimentaires qui ont été explorées, lisez cet article. Considérant que plusieurs femmes atteintes d’endométriose ont des symptômes qui sont similaires à ceux du SII, l’approche FODMAP peut être intéressante à explorer surtout en présence de troubles digestifs.
Endométriose et approche FODMAP
L’approche FODMAP* a été conçue pour gérer les symptômes liés au syndrome de l’intestin irritable (SII). Elle consiste à éliminer pendant une période limitée des aliments riches en FODMAP dans l’objectif d’identifier les aliments qui déclenchent des symptômes digestifs de même que leur seuil de tolérance.
Une étude clinique récente a évalué l’effet d’une alimentation faible en FODMAP sur les symptômes digestifs chez les femmes atteintes d’endométriose5. Pour ce faire, 35 femmes atteintes d’endométriose et rapportant des symptômes digestifs ont été randomisées en deux groupes. Le groupe 1 a suivi une alimentation faible en FODMAP, et le groupe 2 une alimentation basée sur le guide alimentaire australien, pendant 28 jours. Elles ont ensuite pris une pause, puis les diètes ont été interchangées (groupe 1 guide alimentaire et groupe 2 faible en FODMAP) pendant un autre 28 jours. La plupart des aliments ont été fournis aux participants pendant l’étude.
Les résultats de l’étude indiquent que 60% des participantes ont eu une amélioration cliniquement significative de leurs symptômes gastro-intestinaux en suivant une alimentation faible en FODMAP comparativement à 26% des femmes qui ont suivi une alimentation basée sur le guide alimentaire australien. Une alimentation faible en FODMAP s’est accompagnée d’une amélioration de la douleur abdominale, des ballonnements et de la qualité de vie des femmes après deux semaines, et les symptômes ont continué de s’améliorer pendant le reste de la durée de la diète. Ces résultats constituent une nouvelle encourageante pour les femmes atteintes d’endométriose, car ils offrent une option alimentaire appuyée par des preuves scientifiques.
En conclusion
Compte tenu de la prévalence élevée de l’endométriose et du fait que la majorité des femmes atteintes signalent des symptômes gastro-intestinaux importants, l’approche FODMAP pourrait avoir un impact positif sur la vie de nombreuses femmes. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer les bénéfices de l’approche FODMAP pour l’endométriose sur une population plus large et à plus long terme. Les patientes souhaitant obtenir de plus amples informations sont encouragées à s’adresser à une diététiste-nutritionniste expérimentée avec l’alimentation faible en FODMAP.
*Les FODMAP sont des glucides fermentescibles qui sont en partie responsables des symptômes chez les gens souffrant du syndrome de l’intestin irritable (SII). Pour plus d’informations, lisez cet article.
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Références
- De Araugo (2024) Nutrition Interventions in the Treatment of Endometriosis: A Scoping Review. Journal of Human Nutrition and Dietetics; 38:1–16
- Horne and et Missmer (2022) Pathophysiology, Diagnosis, and Management of Endometriosis. British Medical Journal; 379:e070750.
- Deepak Kumar, Appleby-Gunnill et Maslin (2023) Nutritional Practices and Dietetic Provision in the Endometriosis Population, With a Focus on Functional Gut Symptoms. Journal of Human Nutrition and Dietetics; 36 (4): 1529–1538.
- Nabi et al (2022) Endometriosis and Irritable Bowel Syndrome: A Systematic Review and Meta-Analyses. Frontiers in Medicine; 9: 914356.
- Varney et al (2025) Clinical Trial: Effect of a 28-Day Low FODMAP Diet on Gastrointestinal Symptoms Associated With Endometriosis (EndoFOD)—A Randomised, Controlled Crossover Feeding Study. Alimentary Pharmacology & Therapeutics; 61:1889–1903.
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