Un projet-pilote novateur pour le mieux-être des patients par l’art: Prescriptions muséales MBAM-MdFC

Claudine Auger
30 octobre 2018

Le 10 octobre 2018, lors du lancement de son 90e congrès annuel, Médecins francophones du Canada annonçait fièrement un nouveau partenariat avec le Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM). Attentive au bien-être, en quête, toujours, de manières d’élargir des voies de soin nouvelles, l’association permet désormais à ses membres d’offrir à leurs patients une prescription muséale. Une initiative unique qui permettra à de nombreux patients de profiter des bienfaits de l’art sur la santé.

L’art fait du bien !

De plus en plus, on parle… des bienfaits de l’art sur la santé. De plus en plus d’études le démontrent : le contact avec les œuvres d’art — et toutes formes d’art — a un impact réel sur le bien-être physique et mental. C’est notamment ce dont témoignent les études colligées par Pedro Mendonça dans Impacts favorables des arts sur la réussite éducative des jeunes et dans diverses sphères de la société. Celles-ci stipulent que les arts améliorent la connectivité neuronale qui sous-tend la résilience psychologique. Ce contact aurait également une influence positive sur l’attention et la mémoire de travail, favoriserait la détente, la relaxation et une activité neuronale plus complexe.

Vue ainsi, on ne peut s’étonner de l’enthousiasme qu’exprime Dre Boyer, ainsi que sa hâte d’offrir à ses patients ces ordonnances nouveau genre. « Les patients des membres de l’association pourront profiter d’une visite au Musée pour apaiser leurs souffrances, et ce, sans effet secondaire », ajoute la vice-présidente de Médecins francophones du canada, responsable du groupe de médecine familiale au CLSC Saint-Louis-du-Parc et professeure associée au département de médecine familiale de l’Université McGill. Comme elle le souligne, il n’est jamais facile pour le médecin d’annoncer une mauvaise nouvelle. « On se demande toujours : qu’est-ce que je peux faire de plus ? Désormais, nous pouvons à tout le moins offrir un moment de bonheur, par cet accès gratuit au musée pour un patient et sa famille, ou ses amis, une magnifique manière de sortir de sa tristesse. » En outre, poursuit Hélène Boyer, c’est une occasion de prendre connaissance des multiples activités offertes par le MBAM et peut-être, de s’y inscrire.

Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du MBAM, abonde avec tout autant de conviction. « Je suis persuadée qu’au XXIe siècle, la culture sera à la santé ce que le sport fut au siècle précédent. L’expérience culturelle contribuera à la santé et au mieux-être tout comme la pratique du sport. Pour les sceptiques, rappelons qu’il y a cent ans, on disait que le sport déformait le corps ou menaçait la fécondité des femmes ! Aujourd’hui, les médecins prescrivent l’exercice », rappelle Mme Bondil, très fière de ce projet-pilote « visionnaire » en partenariat avec Médecins francophones du Canada.


De gauche à droite : Michel de la Chenelière, président, Fondation de la Chenelière, et mécène, MBAM ; Dre Johanne Blais, membre du conseil d’administration, Médecins francophones du Canada (MdFC) ; Dre Hélène Boyer, vice-présidente, MdFC ; Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef, Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) ; Dre Diane Poirier, présidente, MdFC ; Nicole Parent. Directrice générale, MdFC ; et Thomas Bastien, directeur de l’éducation et du mieux-être, MBAM ; au congrès de Médecins francophones du Canada, Montréal, 10 octobre 2018. Photo : Pierre Longtin.

Médecins francophones du Canada ouvre la voie

L’an dernier, Médecins francophones du Canada accueillait Nathalie Bondil dans le cadre de son congrès pour une conférence originale sur les bienfaits de l’art thérapie devant des centaines de médecins attentifs. Il aura fallu très peu de temps à Hélène Boyer pour saisir l’occasion de lancer la perche à l’équipe du MBAM. « J’ai une nièce qui a étudié la thérapie par la musique et j’étais très impressionnée lorsqu’elle me parlait des impacts sur la santé. Je voulais que mes patients puissent en profiter ! »

Nathalie Bondil, reconnue pour sa philosophie généreuse et visionnaire, a accueilli le projet « les bras grand ouverts », se souvient Dre Boyer. « Durant tout le processus, les gens étaient heureux de participer à ce projet collaboratif et incroyablement novateur, une initiative unique dans le monde ! » Rappelons que Médecins francophones du Canada favorise une médecine de qualité à valeurs humaines, axée sur le bien-être physique et mental de chaque individu, et qui repose sur une approche de santé globale. Ce programme de Prescriptions muséales permettra aux médecins participants de prescrire jusqu’à 50 ordonnances pour une visite du MBAM lors de leurs consultations. Il s’inscrit nettement dans la lignée de la mission de l’association.

Autre projet alliant art et bien-être, Médecins francophones a accueilli, lors de son congrès d’octobre, des artistes-patients à présenter leurs œuvres réalisées en ateliers d’art thérapeutique offerts par le MBAM. « Les médecins ont pu échanger avec ces artistes, une belle occasion d’écouter ce que ces patients avaient à exprimer à travers leurs œuvres. C’était très touchant », confie Dre Boyer.

Un partenaire généreux et visionnaire

Parmi les musées les plus fréquentés au Canada avec 1,3 million de visiteurs par années, véritable laboratoire de recherche destiné à mesurer scientifiquement les effets de l’art sur la santé, avec une dizaine d’études cliniques en cours, le MBAM a inauguré en 2016 l’Atelier international d’éducation et d’art thérapie Michel de la Chenelière — un mécène sincèrement engagé. Toujours en quête de nouvelles avenues curatives alliant l’expérience artistique à une approche thérapeutique holistique, le musée compte parmi son équipe un art-thérapeute à temps complet à qui il incombe la mise en place de nombreux programmes développés sur place en collaboration avec des médecins, des chercheurs universitaires et des professionnels du milieu hospitalier.

À partir du 1er novembre 2018, les membres de Médecins francophones du Canada recevront tous les détails pour commencer à rédiger des prescriptions muséales (et tous les non-membres pourront devenir membres et faire de même !)