Tout savoir sur l’intolérance à l’histamine

Kathryn Adel, M.Sc, Dt.P, CSSD
Nutritionniste chez SOSCuisine.com

3 septembre 2020

L’histamine, c’est quoi?

L’histamine est un composé chimique dérivé de l’acide aminé histidine. Elle est connue pour son rôle dans la réponse immunitaire de l’organisme aux protéines étrangères, en particulier la réponse allergique. Lors d’une réaction allergique, les anticorps entraînent la libération d’histamine, ce qui peut déclencher une cascade de réactions inflammatoires et provoquer des symptômes. Au quotidien, de petites quantités d’histamine aident à réguler les fonctions physiologiques dans tout le corps. L’histamine est produite par les globules blancs du corps appelés mastocytes, mais est également présente naturellement dans de nombreux aliments. La quantité d’histamine dans les aliments est inhérente à l’aliment mais peut dépendre de facteurs externes tels que le stade de maturation, le stockage, la méthode de transformation et l’origine.

Intolérance à l’histamine

Une intolérance à l’histamine peut se développer lorsque le corps produit plus d’histamine qu’il ne peut en décomposer. Des hypothèses suggèrent que l’intolérance à l’histamine peut être causée par un manque ou une activité réduite de l’enzyme diamine oxydase (DAO) qui aide à dégrader l’histamine dans le corps, ou par une production accrue d’histamine endogène, de même que par des prédispositions génétiques1. Si les niveaux d’histamine dans l’organisme sont élevés pour une raison quelconque, la consommation d’aliments riches en histamine peut alors déclencher divers symptômes qui peuvent varier d’une personne à l’autre. Il est à noter que la prise de certains médicaments peut aussi affecter la concentration d’histamine dans l’organisme.

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Comment savoir si on a une intolérance à l’histamine?

Tout comme les personnes qui sont intolérantes aux FODMAP, celles qui ont une intolérance à l’histamine peuvent avoir des symptômes digestifs (maux de ventre, ballonnements, diarrhée, constipation, reflux, douleurs abdominales, ulcères de la bouche, nausées, vomissements). Toutefois, contrairement à l’intolérance aux FODMAP, l’intolérance à l’histamine s’accompagne généralement aussi de symptômes non digestifs. Ceux-ci peuvent inclure une sensation de serrement à la gorge ou à la poitrine, des palpitations cardiaques, migraines, maux de tête, vertiges, étourdissements, douleurs articulaires ou musculaires, bouffées de chaleur, démangeaisons, de l’urticaire ou eczéma, de la fatigue, dépression et de la congestion nasale. Les symptômes peuvent différer grandement d’une personne à l’autre. Généralement, les symptômes peuvent survenir immédiatement après l’ingestion d’un aliment déclencheur ou de deux à quatre heures plus tard. Parfois, les symptômes peuvent varier selon la saison de l’année. La prise d’antihistaminiques peut contribuer à réduire les symptômes liés à l’intolérance à l’histamine. Étant donné qu’une intolérance à l’histamine n’implique pas une réponse immunitaire du corps, un test d’allergie ne peut pas permettre de diagnostiquer une intolérance à l’histamine. Par contre, il demeure important de consulter un allergologue afin d’exclure la présence d’une allergie alimentaire ou à une substance quelconque qui pourrait être la cause des symptômes. La seule façon d’identifier une intolérance à l’histamine est de suivre une diète d’élimination spécifique. La mesure du taux sanguin d’enzyme DAO peut aussi aider à identifier une intolérance à l’histamine2. Une étude incluant 63 patients a permis de démontrer qu’une diète faible en histamine peut être utile pour améliorer les symptômes liés à l’intolérance à l’histamine et que les valeurs sériques de DAO sont corrélées avec le degré d’adhérence à la diète3. Il est à noter que certaines personnes peuvent être intolérantes à d’autres composés chimiques présents dans les aliments tels que les sulfites, les salicylates et les glutamates. L’hôpital Royal Prince Alfred (RPAH) à Sydney en Australie a établi un protocole permettant d’identifier des intolérances à certains composés chimiques présents dans les aliments.

 

Diète faible en l’histamine

Une diète d’élimination de l’histamine consiste à éliminer temporairement les principales sources alimentaires d’histamine. Pour débuter, il est recommandé d’éliminer seulement les aliments qui sont les plus élevés en histamine, soient les poissons et fruits de mer incluant le thon en conserve et les crevettes, la sauce de poisson et les aliments fermentés (cornichons, choucroute, sauce soya, tempeh, miso, kéfir, Kombucha, bière, vin, etc.) . Cela peut parfois être suffisant et permet d’éviter de devoir adopter une diète très restrictive. Il est toujours possible d’éliminer plus d’aliments par la suite si cela s’avère nécessaire. La liste ci-dessous présente les principales sources alimentaires d’histamine. S’il y a une amélioration des symptômes avec une diète faible en histamine, alors on réintroduit chaque aliment, un à la fois, pour identifier plus précisément ceux qui provoquent des symptômes, puisque les déclencheurs alimentaires varient grandement d’une personne à l’autre.

Tel que mentionné précédemment, la quantité d’histamine dans un même aliment peut grandement varier d’une fois à l’autre selon divers facteurs externes incluant le stockage et la fraîcheur de l’aliment. De plus, la tolérance d’un individu à un aliment riche en histamine peut différer d’une fois à l’autre selon le niveau d’histamine déjà présent dans son organisme. Par exemple, certaines personnes sont plus sensibles aux aliments riches en histamine lors des moments de l’année durant lesquels elles ont des allergies saisonnières.

Sources alimentaires d’histamine4,5

Aliments naturellement riches en histamine

  • Aliments fermentés (Kombucha, cornichons, choucroute, sauce soya, tempeh, miso, kéfir)
  • Poisson en conserve ou frais (à l’exception du poisson fraîchement pêché), fruits de mer et sauce de poisson
  • Épinard
  • Aubergine
  • Tomate
  • Cerise
  • Avocat
  • Fève de soya et tous produits dérivés
  • Levure alimentaire
  • Fromages vieillis
  • Viandes transformées ou vieillies (charcuteries, saucisses, bacon, steaks vieillis, etc.)
  • Yogourt
  • Condiments qui contiennent du vinaigre (vinaigrettes, ketchup, moutarde, mayonnaise, sauce BBQ, etc.)
  • Restants de viandes ou de volailles et aliments périmés

Aliments ayant des capacités de libération d’histamine

  • Agrumes
  • Fraise
  • Pêche, abricot et prune
  • Papaye
  • Ananas
  • Chocolat
  • Réglisse
  • Certaines épices (cannelle, clous de girofle, anis, muscade, poudre de curry, poudre de chili)
  • Aliments contenants certains additifs (sulfites, BHA, BHT et colorant, surtout la tartrazine)
  • Alcool, surtout le vin (rouge en particulier) et la bière (l’alcool bloque la fonction de l’enzyme qui décompose l’histamine)

En conclusion

Il n’est pas recommandé d’éliminer tous ces aliments à long terme, ce qui pourrait entraîner des restrictions inutiles, des carences alimentaires, une relation négative avec la nourriture et une diminution de la qualité de vie. Si vous suspectez que votre patient a une une intolérance à l’histamine, n’hésitez pas à le référer à une nutritionniste spécialisée en santé gastro-intestinale. Celle-ci pourra notamment utiliser l’exclusion alimentaire ‘Histamine’ disponible sur la plateforme SOSCuisine.com pour tous les menus qui y sont offerts.


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Références

  1. Maintz et Novak (2007) Histamine and histamine intolerance. Am J Clin Nutr; 85:1185–96.
  2. Music et coll. (2011) Serum diamine oxidase (DAO) activity as a diagnostic test for histamine intolerance. Clin Transl Allergy; 1(Suppl 1): P115.
  3. Lackner et coll. (2019) Histamine-reduced Diet and Increase of Serum Diamine Oxidase Correlating to Diet Compliance in Histamine Intolerance. Eur J Clin Nutr; 73(1):102-104
  4. San Mauro Martin, Brachero et Garicano Vilar (2016) Histamine intolerance and dietary management: A complete review. Allergol Immunopathol (Madr); 44(5):475-483
  5. Communauté d’intérêts Suisse de l’intolérance à l’histamine (SIGHI). Informations sur l’histaminose / intolérance à l’histamine, pour les personnes concernées et les professionnels de la santé. Dernière mise à jour le 7 février 2019. https://www.histaminintoleranz.ch/fr/therapie_regimealimentaire.html

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