Prix de l’ambassadeur du français en médecine Jacques-Boulay 2021 remis à la Dre Manon Denis-Leblanc

Claudine Auger, journaliste
4 novembre 2021

Remis à Dre Manon Denis Leblanc lors du Congrès annuel de médecine 2021

Le 21 octobre dernier, lors de la 2e édition virtuelle du Congrès annuel de médecine, Médecins francophones du Canada a remis le Prix de l’ambassadeur du français en médecine Jacques-Boulay à Dre Manon Denis-Leblanc afin de souligner sa remarquable implication quant à la promotion du français, le rayonnement de son œuvre et son influence dans son milieu. Reconnue pour son amour du français, Dre Manon Denis-Leblanc, vice-doyenne aux Affaires francophones, n’a de cesse de défendre cette langue dont elle est tant fière.

La médecine… en français

Franco-ontarienne, Manon Denis-Leblanc a grandi à Saint-Isidore, petite municipalité à 70 kilomètres d’Ottawa, où elle est si bien enracinée qu’elle y a installé sa pratique, en plus d’œuvrer en milieu hospitalier à l’Hôpital Montfort. Ayant, dès l’adolescence, décidé d’être médecin, elle obtient son diplôme de médecine à l’Université d’Ottawa en 1997. Profondément motivée par la relation humaine, la médecine familiale est encore aujourd’hui un moteur pour cette femme de cœur qui s’intéresse à toutes les phases de la vie, accompagnant ses patients à travers leurs défis de santé.

Également passionnée de pédagogie, Manon Denis-Leblanc s’est impliquée dès les débuts de sa carrière dans la création et le développement d’un volet d’études médicales entièrement en français à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. « J’ai été à l’école francophone tout au long de mon cheminement scolaire. Quand je suis entrée en médecine en anglais, puisqu’il n’y avait pas de possibilité d’étudier en français en Ontario, j’ai eu un choc », se rappelle-t-elle. À travers les années, elle a mené avec dynamisme divers projets en français visant à soutenir les étudiants en médecine ou ses aspirants : des mini-cours d’introduction à la médecine en province et ailleurs au Canada, la mise sur pied de stages à l’Hôpital Montfort, la mise en place de sites à distance pour les stagiaires du volet francophone, notamment à Hawkesbury et à Shawville. Pendant un moment, elle a dirigé des stages avant d’accepter la codirection de l’externat au milieu des années 2000. En 2010, elle a été nommée à la présidence du Comité scientifique des Journées Montfort, un congrès de formation médicale continu en français qui accueille annuellement plus de 250 professionnels de la santé.

Les passions d’une femme engagée

En 12e année, la jeune Manon Denis-Leblanc a remporté le premier prix d’un concours de français à l’échelle de la province ontarienne. « À la réception de ce prix, les enseignants présents m’ont demandé dans quelle discipline je voulais me diriger. Quand j’ai répondu que je voulais être médecin, j’ai senti une certaine déception. Ils devaient croire que je choisirais un domaine où le français était à l’honneur ! Quelques années plus tard, lorsque j’ai participé à la bataille pour la survie de l’Hôpital Montfort, j’ai eu une pensée pour eux en me disant que j’avais fait le bon choix : j’avais réussi à concilier deux passions, la médecine et le français que je continuais à défendre ! »

En effet, durant sa résidence à la fin des années 1990, la jeune femme s’est engagée aux côtés de ses collègues francophones afin de livrer bataille contre la décision gouvernementale de fermer l’Hôpital Montfort. C’est un combat formateur : « J’ai eu à rencontrer des politiciens, à donner des entrevues dans les médias, à échanger avec le recteur. J’ai beaucoup appris sur les communications et le leadership, ce fut une rude et riche expérience où j’ai pu développer des aptitudes qui me servent grandement dans mon rôle actuel », raconte Dre Manon Denis-Leblanc. « Lorsque nous avons gagné la bataille, il était clair que je continuerais à m’impliquer pour faire avancer la cause francophone ! »

Un combat qui n’est jamais terminé

« Le français a toujours été très vivant dans ma famille et j’ai vu mes parents et mes grands-parents militer sans relâche pour le français », poursuit la Franco-ontarienne qui a collaboré aux Affaires francophones depuis ses débuts, un organisme affilié à l’Université d’Ottawa et qui œuvre activement au développement de formation en français à la Faculté de médecine. Elle y occupe un rôle prédominant depuis 2015, et a accepté le poste de vice-doyenne en juillet 2017. « Le plus grand défi, je crois, c’est de ne pas baisser les bras; c’est de toujours continuer à se battre et à lutter contre l’assimilation. Ce n’est jamais acquis, ce n’est jamais terminé. »

Dans cette volonté de contribuer à l’épanouissement de la francophonie, elle mise sur le respect de l’autre. « Je crois que la défense du français doit passer par la francophilie, cette attitude amicale envers les francophones. L’idée, ce n’est pas que l’autre parle le français impeccablement, c’est plutôt une question d’ouverture. Ça enlève de la pression et c’est beaucoup plus constructif », explique Dre Manon Denis-Leblanc.

« Au bout de mon parcours, j’espère que j’aurai su faire une différence. Le prix que je reçois de Médecins francophones du Canada me donne des ailes pour poursuivre. On ne fait pas tout ce travail, on ne livre pas tous ces combats pour recevoir des prix. Mais lorsqu’on en récolte un au passage, quelle énergie cela procure ! Et on en a tellement besoin », conclut Dre Manon Denis-Leblanc en remerciant Médecins francophones du Canada.