Prix de l’ambassadeur du français en médecine Jacques Boulay 2018


13 janvier 2019

L’association a remis, mercredi dernier, lors du 90e Congrès annuel de médecine, le Prix Jacques-Boulay, à la Dre Lyne Pitre.

Si vous êtes un médecin francophone de l’Ontario de la relève, fort est à parier que vous avez déjà croisé Dre Lyne Pitre : pédagogue passionnée, cette fière Franco-Ontarienne a contribué à former plus de 200 étudiants francophones en médecine. Mais son influence rayonne bien au-delà de son territoire de pratique. Tout au long de sa carrière entièrement dévouée à la cause du français en médecine, elle s’est consacrée à l’amélioration de l’offre de soins aux francophones de sa communauté. En plus, soulignons-le, d’élever cinq enfants ! « J’ai beaucoup d’énergie », confie Dre Pitre en riant.

Diplômée en médecine de l’Université d’Ottawa en 1986, Lyne Pitre a effectué sa résidence au Centre de médecine familiale Bruyère pendant deux ans, avant de lancer sa pratique en 1988. En parallèle, elle œuvre à l’Hôpital Montfort en tant que médecin et administratrice. Dans le milieu des années 1990, Dre Pitre se joint aux combattants qui sauveront Montfort et participe à la création du Bureau des affaires francophones (BAF) * de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. Membre active du BAF, elle a été responsable des programmes de résidences francophones en médecine familiale et, depuis peu, se concentre sur les résidences des spécialistes : « Montfort étant désormais l’hôpital universitaire francophone de l’Ontario, c’est plus facile de former des spécialistes. Et si à Ottawa, l’accès à des spécialistes francophones s’est amélioré, il demeure un obstacle en milieux minoritaires. Alors nous mettons l’accent sur la sensibilisation de nos apprenants », confie cette médecin foncièrement convaincue que les chances de guérison sont décuplées lorsque le patient est soigné dans sa langue.

Lyne Pitre comprend au plus profond d’elle-même la situation des communautés minoritaires, affirmant qu’être franco-ontarien, c’est être porteur d’une cause. D’ailleurs, elle confie qu’elle se lève tous les matins en décidant de parler en français et en salle de classe, lorsqu’elle entend des échanges en anglais, elle s’exclame volontiers : « Oui, nous aimons tous beaucoup Shakespeare, mais je veux du Molière ! Il faut afficher notre fierté de s’exprimer en français. »

Femme d’action, on l’aura compris, Dre Pitre se consacre également à sa pratique dans une clinique fondée en 2011, Équipe de santé familiale académique. Cette clinique permet aux francophones de la région d’Ottawa n’ayant pas de médecin de famille d’accéder à des soins offerts par une équipe multidisciplinaire. Cette clinique « académique » et non exclusivement universitaire, accueille des étudiants tant du niveau collégial qu’universitaire et venant de divers horizons des professions de la santé. Dans chacun de ces milieux où elle passe, Dre Lyne Pitre en profite pour sensibiliser à sa cause ceux qu’elle croise.

Conférencière recherchée, enseignante appréciée, Dre Pitre a reçu de nombreux prix pour la qualité de ses communications, notamment le Prix de mérite pour l’enseignement à Montfort, le Prix du Précepteur communautaire de l’année du département de médecine familiale de l’Université d’Ottawa (1997), le Prix en éducation, compétence gestionnaire pour le volet francophone de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa et, tout récemment, en mai dernier, le Prix Ilios remis lors du Gala du Mérite Montfort, un grand hommage à ce riche parcours aussi passionné qu’engagé.

Devant ce Prix de l’ambassadeur du français en médecine Jacques-Boulay remis par Médecins francophones du Canada lors du Congrès annuel de médecine le 10 octobre dernier, Lyne Pitre s’est dite profondément touchée. « J’évolue en milieu minoritaire et c’est un combat quotidien, c’est très difficile d’obtenir la reconnaissance de sa langue. Ce serait tellement plus facile d’abdiquer et de travailler en anglais ! » Et pourtant, Dre Pitre n’a jamais baissé les bras.

*Le Bureau porte désormais le nom Affaires francophones tout simplement.