Nutritionniste et chroniqueuse, Catherine Lefebvre a publié Sucre, vérités et conséquences en 2016. Elle coanime On s’appelle et on déjeune, un balado dédié à l’alimentation. Elle démystifie ici quelques modes d’alimentation des plus populaires : la diète cétogène, le jeûne intermittent et le végétalisme. Troisième article d’une série de trois.
Le végétalisme… attention à l’ultra transformé!
Catherine Lefebvre décrit l’alimentation végétale peu transformée (whole food plant base diet) comme une alimentation qui exclut tous les aliments de source animale, en plus des aliments transformés et ultra-transformés, soit très peu ou pas d’huile, pas de sucre ou de sel ajouté. En effet, l’industrie alimentaire inonde le marché de produits végétariens ou végétaliens transformés, le quart de la nouvelle offre étant autant d’imitations de lait, d’œufs, de viande ou de fromage. Ainsi, il existe aujourd’hui une panoplie de produits dits « à base de plante », « faux beurre » ou « faux mage » dont il faut se méfier, plusieurs d’entre eux étant des aliments ultra transformés, même s’ils visent à donner bonne conscience.
En 2015, les boissons ou aliments ultra-transformés représentaient près de 50% des calories consommées par les adultes canadiens. « Qu’ils soient d’origine végétale ou animale, ces aliments ultra transformés ont un profil nutritionnel douteux et ceux dits à base de plante n’apportent pas nécessairement les bénéfices liés au végétarisme », prévient Catherine Lefebvre. Les grands consommateurs de ce type de produits auraient davantage de risque d’obésité (↑31%), de risque de diabète (↑37%), de risque de HTA (↑60%), par rapport à ceux qui en consomment peu.
Le végétalisme, des bienfaits réels
Suivre un régime à base de plantes, conçu de fruits, légumes, protéines végétales peu transformés (légumineuses, tofu, noix, graines) et d’aliments le moins transformés possible, est certainement bénéfique à la santé. Plusieurs études concluent que l’alimentation végétalienne contribue à la santé globale et peut réduire les risques de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2. En outre, d’un point de vue environnemental, cette diète réduit considérablement l’empreinte écologique de notre alimentation.
Pour Catherine Lefebvre, l’essentiel à retenir est de privilégier les aliments peu transformés, surtout de source végétale, mais sans en abuser. En outre, elle rappelle l’importance de reconnaître les sentiments de faim et de satiété. « Ce n’est pas une obligation de déjeuner en se levant si on n’a pas faim et de se forcer à manger. Mieux vaut laisser le temps à notre corps de nous dire quand il a faim. » Comme elle se plaît à le dire, manger est un acte social, culturel et émotif. « C’est par ça qu’il faut commencer. Malheureusement, nous sommes souvent dans l’urgence avec nos patients, pour leur trouver une solution rapide et efficace à leurs problèmes de santé. N’oublions pas de tenir compte de la situation particulière de chaque patient, afin de l’amener à changer ses habitudes de vie dans un contexte favorable. À long terme, c’est plus gagnant! »
En misant sur un travail d’équipe où l’ouverture et l’empathie favorisent une approche d’exploration, il est possible de soutenir ses patients vers des habitudes de vie souhaitables où la relation avec les aliments est, avant tout, saine. « J’opte pour une attitude positive de découverte plutôt que l’approche rébarbative ou culpabilisante. Par exemple, je demande à un patient : ‘Avez-vous déjà essayé le tofu? Cette recette de tofu magique est géniale!’ S’il l’essaie, c’est déjà un repas de plus sans viande! » Voilà qui ouvre l’appétit!
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