Dr Hugues Richard

Selon Hugues Richard, psychiatre oeuvrant en Ontario, la passion soutient dans les moments difficiles. « Il y a une certaine morosité en médecine, les plaintes, les limites budgétaires, les contraintes diverses minent le plaisir de ce que nous faisons, contribuant au taux élevé d'épuisement professionnel dans la profession. La passion, c’est un peu comme un antidote, un plaisir sain qui nous nourrit », explique ce membre de Médecins francophones du Canada depuis 2 ans. Il s’est engagé auprès de l’association, découvrant une francophonie pancanadienne qui dépasse largement le Québec, et qui propose, par ses activités et son réseau, une manière efficace de briser l’isolement. « Pour les médecins de famille tout autant que pour les spécialistes, cette association apporte à la communauté médicale une formation qui couvre très large, en français. Je crois qu’elle génère un réel sentiment d’appartenance. En outre, le personnel de Médecins francophones du Canada est toujours aidant : chaque fois que je communique avec eux, le contact est facile », témoigne le Dr Richard. Né à Paris de parents canadiens, ayant grandi à Québec avant de s’établir en Ontario au début de sa pratique, Hugues Richard a suivi le chemin de la psychiatrie naturellement, imprégné par l’univers d’un père psychanalyste. « Il est vrai que c’est un travail exigeant, qui demande beaucoup de soi. Mais ces moments privilégiés d’humain à humain, cette possibilité d’établir des liens, d’être en contact avec le patient, c’est ma plus grande motivation. Être présent, ressentir, écouter, intervenir – parfois fermement, mènent à des moments d’éveil, des moments charnière où on donne beaucoup et on reçoit tout autant. C’est très gratifiant », exprime avec douceur le Dr Richard. Par ailleurs, pour offrir cette réelle présence, il importe de prendre soin de soi, de conserver un équilibre, selon le psychiatre qui confie qu’il le trouve grâce à la lecture, la course, la méditation et une alimentation végétarienne. « C’est aussi une question d’authenticité : si on prône les saines habitudes de vie devant ses patients sans les mettre soi-même en pratique, l’enseignement a moins de portée. On perd en crédibilité. » Le Dr Hugues Richard a développé une pratique qui ratisse un large territoire, d’Ottawa, où il occupe son bureau deux semaines par mois, jusqu’à Chapleau, Kirkland Lake et Cochrane, communautés du nord de l’Ontario où il se déplace régulièrement pour collaborer avec des équipes multidisciplinaires en santé mentale. « La psychiatrie communautaire permet de travailler avec des équipes plus flexibles, très proches de la population. À l’écoute de la communauté, nous avons davantage d’impact, à mon sens », raconte le psychiatre qui a choisi cette manière de travailler pour se libérer d’un cadre institutionnel, soucieux de pouvoir prendre le temps nécessaire pour l’évaluation et la consultation de ses patients. En outre, portant un grand intérêt à la technologie, le Dr Richard a depuis longtemps intégré la télémédecine à sa pratique courante afin d’offrir des services à des gens qui n’y auraient pas accès autrement. « La télémédecine pourrait sembler comme un pis-aller, alors qu’elle ouvre un tout autre monde. Par exemple, la consultation à distance, parfois même directement dans le salon du patient, favorise des ouvertures chez des individus ayant vécu un traumatisme. Un étrange paradoxe proximité – distance qui brise l’isolement », résume le psychiatre.